Ivan Trésor Mbock : « Et si l’avenir du Cameroun se jouait en milieu rural ? »

Dans une tribune parue ce mois de juillet, Ivan Trésor Mbock, polytechnicien et coordonnateur du Centre Jeunes JVEPI-FOMACK de Ngambé (CJJF), propose une réflexion qui bouscule les lignes habituelles : et si le salut économique et social du Cameroun passait par ses zones rurales, trop longtemps délaissées ? Sous le titre évocateur « Et si l’avenir du Cameroun se jouait en milieu rural ? », Ivan Trésor Mbock plaide pour une approche radicalement nouvelle des politiques de développement, centrée sur les potentialités du monde villageois et articulée autour d’un levier majeur : le numérique.

Juil 5, 2025 - 00:45
 0  21
Ivan Trésor Mbock : « Et si l’avenir du Cameroun se jouait en milieu rural ? »
Ivan Trésor Mbock : « Et si l’avenir du Cameroun se jouait en milieu rural ? »

Dans son texte, Ivan Trésor Mbock décrit sans détour un pays où « l’immobilisme semble figer l’ambition collective » et où la croissance, selon lui, « donne parfois l’impression de tourner à vide ». Pour l’auteur, la solution ne viendra pas nécessairement des grandes villes déjà saturées, mais bien des campagnes, riches d’un capital humain trop souvent sous-exploité.

Il cite les exemples du Rwanda, du Togo ou du Kenya, qui ont misé sur l’inclusion numérique pour stimuler leur développement, même loin des capitales. Pourquoi pas le Cameroun, s’interroge-t-il, qui dispose de terres fertiles, d’une jeunesse abondante et d’esprits créatifs capables de porter des projets innovants ?

À Ngambé, un projet concret pour inverser la tendance

Cette vision n’est pas qu’un simple discours. À Ngambé, son fief dans le département de la Sanaga-Maritime, Ivan Trésor Mbock pilote depuis juillet 2024 le Centre Jeunes JVEPI-FOMACK, né d’une collaboration entre la Fondation Mackenzie (FOMACK) et l’association Jeunesse Volontaire et Engagée pour la Promotion de l’Intellect (JVEPI). À ce jour, plus de 1 500 jeunes y ont déjà été accompagnés.

L’ambition est désormais claire : faire de Ngambé un hub numérique communautaire pour former 1 000 jeunes et femmes d’ici 2026 aux outils digitaux, leur ouvrir les portes de l’agriculture connectée, de l’e-commerce, de la formation universitaire à distance, et à terme, stabiliser l’exode rural. « Grâce au numérique, nos villages peuvent redevenir des lieux d’apprentissage, de production et d’innovation », martèle-t-il dans sa tribune.

Des soutiens multiples pour un pari risqué mais inspirant

Le projet a déjà reçu des soutiens significatifs, notamment un don de la Fondation MTN Cameroun qui a offert des ordinateurs, des équipements pour la connexion Internet et des solutions d’électrification. Sans oublier les premiers ordinateurs apportés il y a près d’un an par le think tank The Okwelians, lors de la Foire de l’Employabilité Rurale de décembre 2024.

Dans sa tribune, Ivan Trésor Mbock se montre résolument optimiste. Pour lui, ce modèle peut être « réplicable et duplicable dans d’autres territoires du Cameroun », transformant ainsi chaque commune rurale en petite fabrique de talents locaux et de solutions adaptées aux réalités du terrain.

Une interpellation aux décideurs et aux communautés

Enfin, l’auteur termine son texte sur un appel vibrant à l’engagement collectif : « Nous avons la terre, la jeunesse et les idées. Il ne nous manque plus qu’une mobilisation structurée pour faire de Ngambé ce laboratoire national de l’employabilité rurale. »

En misant sur la formation et la technologie pour réinventer le destin des villages camerounais, Ivan Trésor Mbock propose une lecture résolument moderne du développement territorial. Reste à voir si son cri sera entendu et transformé en politiques publiques concrètes, au-delà de Ngambé.